Aider les enfants à se développer quand ils sont en difficulté, les personnes Alzheimer à rester autonome le plus longtemps possible ; avec des exercices constants une personne peut gagner deux à quatre ans d’autonomie. Travailler sa mémoire voici le programme que je vous propose au fil du temps. Ce programme au départ a été conçu pour un enfant en difficulté.
« Je crains les refus apparemment généreux de théorisation. Ils débouchent sur des tâtonnements subjectifs, sur des projections, sur des réactions impulsives parfois géniales parfois destructrices, sur des incohérences entre les praticiens, sur des conduites répétitives qui ne peuvent pas être reconnues. Je crains tout autant l’édification de systèmes rigides. Ils contraignent le sujet à s’intégrer à un moule préétabli. Ils nient, ils interdisent les ajustements, ils paralysent l’écoute, ils orientent subtilement vers des conduites oppressives. Si le lecteur utilise ce livre pour construire a priori une démarche institutionnelle, psychothérapeutique, éducative ou pédagogique qu’il entend appliquer étape par étape sur tous les enfants et adolescents carencés, je lui demande instamment d’oublier mes points de vue et de se laisser aller à son intuition. Cela sera finalement moins néfaste.
S’il reçoit ces réflexions comme des hypothèses de travail à remettre perpétuellement en question, s’il perçoit ainsi à travers tous les symptômes le véritable désir de l’autre, cela l’amènera à organiser ses réponses dans le sens des attentes reconnues et il sera tantôt en accord avec mes points de vue, tantôt agacé, tantôt en divergence. Il mobilisera sa propre créativité ». (Tiré de « J’ai mal à ma mère » par Michel Lemay)
Quand un enfant est en difficulté, il est très difficile de trouver une aide, du simple conseil à la prise en charge. J’en ai fait l’expérience. Bien des parents confrontés à des problématiques diverses me l’ont confirmé.
Ne pouvant être la psychothérapeute de mon fils, j’ai dû chercher tous les autres moyens de l’aider, mais, pour un petit enfant, tout temps perdu handicape son avenir ou rend les acquisitions plus difficiles.
Quoi qu’il en soit, j’ai dû réévaluer tout mon savoir de psychanalyste, tout apprendre mais aussi tout créer car, avec un enfant à problème, on est face à l’inconnu. Boutonner un bouton est une opération complexe, dont le parent doit analyser les étapes pour pouvoir la transmettre. Penser n’est qu’un potentiel non utilisé, dont il faut découvrir les rouages. C’est d’ailleurs le cas pour tout enfant en difficulté, car même s’il répond de façon correcte à une question ou une tâche, cela ne signifie pas qu’il utilise les mécanismes intellectuels nécessaires. Il peut simplement avoir retenu, ou passer par des détours qui ne nécessitent pas de réflexion.
Or, il est nécessaire d’évaluer ce qui fonctionne, pour pouvoir l’aider à l’utiliser, et ce qui ne fonctionne pas, pour le mettre en route ou le reconstituer. Face à un enfant en difficulté on est face à l’inconnu pas même repérable, à l’impensable, car précisément nous ne pensons pas de la même façon. Par ailleurs, les enfants compensent souvent au mieux pendant un certain temps, ce qui laisse dans l’ombre des difficultés dont on n’avait pas conscience, mais qui à partir d’un certain moment bloquent la poursuite de son évolution.
Parfois, il suffit de peu de chose pour que tout se rétablisse. Un professeur avec qui le courant passe. Un petit succès qui redonne du courage. Ou bien simplement, l’enfant a grandi dans sa tête. Mais pour un comportement et des résultats identiques, les causes peuvent être naturelles ou pathologiques sans que cela soit toujours facile à repérer. Avec certains enfants, il suffit d’attendre pour que tout se remette en ordre. Avec d’autres, la situation ne fait qu’empirer avec le temps. Pour les enfants en situation socio-économique difficile, les chances de s’en sortir dépendent souvent de l’environnement.
Les résultats scolaires ne sont pas toujours au premier plan des préoccupations. Ce sont parfois des problèmes de comportement qui vous mobilisent (hyperactivité, opposition, traits autistiques, etc.) et vous pensez que les résultats scolaires n’en sont que la conséquence.
Pourtant, ce n’est pas aussi simple. Un enfant peut avoir de sérieux problèmes tout en restant un bon élève. Dans d’autres cas, un comportement difficile peut être le signe de déficits neurologiques. Une difficulté cognitive peut enrayer un développement harmonieux, en empêchant l’enfant de construire une bonne image de soi et en l’amenant à des comportements gênants pour son entourage.
Cependant, quelle que soit la nature du problème, vous risquez d’être très vite engagée dans une course contre la montre. L’école sanctionne rapidement tout ce qui dévie de ses normes. Pour qu’un enfant puisse vivre une scolarité aisée et heureuse, il doit se développer tant affectivement qu’intellectuellement. Ce qui se fait selon des étapes qu’il franchit plus ou moins rapidement et complètement. Lorsqu’il piétine à l’école, c’est qu’il n’a pas atteint le niveau nécessaire pour suivre sa classe d’âge. Il peut avoir besoin d’un peu plus de temps pour évoluer, sans que le problème présente un caractère pathologique quelconque.
— Pour vous, Madame, l’école commence à devenir un problème. Il devrait déjà savoir lire, mais ce n’est pas le cas. Il connaît à peine quelques lettres.
— Il sait lire, mais c’est très laborieux. Comprend-t-il vraiment ce qu’il lit ? En tout cas les consignes font visiblement problème. Il s’organise mal, oublie ses affaires, l’école vous suggère de surveiller son cartable, mais quand vous vous y contraignez, on vous reproche de ne pas lui laisser d’autonomie.
— Ses notes sont mauvaises. Vous avez reçu un mot du professeur, voire une proposition de rendez-vous.
— S’il continue comme cela, il va devoir aller en classe spécialisée.
Pour un professeur des écoles, ce portrait fait partie d’un quotidien banal. L’enseignant doit gérer une population d’enfants dont les difficultés sont de tous ordres : parents absents de l’éducation, ou absents tout court, situation sociale dégradée, enfant dont l’évolution est en décalage sur sa classe d’âge, et qui a déjà abandonné tout intérêt pour l’école, enfant en réelle difficulté psychologique et/ou cognitive.
Mais il est possible aussi que des difficultés surviennent et qu’il faille les prendre au sérieux.
S’il n’a pas développé les outils intellectuels nécessaires, lui demander de travailler davantage est une entreprise onéreuse en énergie, en temps et argent et surtout cela ne sert à rien. Alors que la prise en compte des mécanismes cérébraux et psychologiques permet d’améliorer les résultats de façon parfois spectaculaire et cela grâce à des outils venant de plusieurs disciplines : psychanalyse, bien sûr, elle est incontournable, mais aussi neuropsychologie, pédagogies pour enfants en difficulté, remédiation psycho-cognitive, en passant par quelques concepts de Maria Montessori et d’autres.
Livre : "Au secours mon enfant rame à l’école !", édition Kindle.
Claire Lucie CZIFFRA
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